Message de Mgr Aupetit, JANVIER 2015, suite à CHARLIE
Nous ne pouvons que nous réjouir de ce moment de fraternité qui s’est exprimé le 11 janvier dernier. Avec la liberté et l’égalité, elle constitue la devise de la République Française. Pour être frères, il est nécessaire d’avoir les mêmes parents.
Au fait qui sont les parents qui font de nous des frères ?
Nous, chrétiens, sommes particulièrement attachés à la fraternité que nous devons vivre quotidiennement puisque nous avons la chance de connaître Dieu comme Notre Père et que notre baptême fait de nous ses enfants.
L’autre raison qui a vu les français se réunir, c’est la défense de leur liberté.
L’Église aussi est attachée indéfectiblement à la liberté de conscience qui inclut la liberté d’expression et de religion.
Cette liberté de conscience implique le sens de la responsabilité. Ma liberté personnelle s’arrête implicitement où commence celle de mon voisin. Il n’y a donc pas de nécessité d’appliquer une censure extérieure qui serait insupportable pour la grande majorité de nos concitoyens.
Cependant, chacun doit réfléchir à une déontologie, comme celle qui s’applique à l’exercice médical. On ne fait pas n’importe quoi, n’importe comment. Cela revient à mesurer les conséquences de ses paroles, de ses actes et de ses écrits.
Dans cette optique il convient d’éduquer les jeunes au sens de la responsabilité. L’expression de la violence n’est pas que physique, même si cette forme est définitivement inacceptable et à condamner sans réserve. Mais la violence peut être aussi orale ou écrite en proférant l’insulte qui traduit un mépris, voire une haine qui finit par se répandre et se communiquer.
Rappelons-nous les paroles du Seigneur Jésus : « vous avez entendu qu’il a été dit aux ancêtres : tu ne tueras point ; si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal.
Eh bien, moi je vous dis : quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ». Et le Christ insiste : celui qui insulte son frère génère une violence mortifère.
L’irresponsabilité est le signe d’une immaturité et d’une humanité inachevée.
Reste la notion de blasphème qui surgit actuellement.
Il ne peut y avoir en France de délit de blasphème, car nous en connaissons trop les abominations visibles aujourd’hui au Pakistan. Le cas d’Asia Bibi n’est pas isolé. Cependant, respecter le sacré, même s’il n’est pas le nôtre, est un moyen intelligent de construire le «vivre ensemble ».
Pour nous chrétiens, il n’y a pas de plus grand blasphème que celui qui se produisit le jour du Vendredi Saint sur la personne de Jésus-Christ. En lui, Dieu a été humilié, insulté, frappé, couvert de crachats, flagellé, cloué sur la croix et enfin tué de la manière la plus abominable.
Aucune violence, aucune insulte, aucune caricature ne pourra jamais égaler cette horreur que Dieu lui-même a acceptée par amour.